LE CHAMPS DE LAVANDE - Fin -

La beauté du paysage qui s’offrait à ses yeux, lui a fait oublier ses frayeurs, elle avança à pas calme et serein, pour découvrir cet étrange monde qui s’est ouvert à elle.

des lignes de lavande s’étalaient vers l’infini,  à perte de vue, des couleurs violet , vert, jaune et rouge peignaient la nature, tel un chef d’œuvre de grand maître,   le ciel était d’un bleu fascinant, les rayons du soleil clément, la caressaient comme une main tendre qui enveloppait son corps couvert d’une longue robe jaune que son bien aimé lui avait offert le jour de son anniversaire et que bizarrement, elle ne portait pas avant de passer à travers l’étrange porte.   

Des émanations féeriques avec mille senteurs, remplissaient les lieux, tout était beau et captivant, exhalant ses sens à lui donner une légèreté de papillon

« Mon Dieu, quel bel endroit ? » se demanda-t-elle

Elle avançait sans regarder derrière elle, plus elle se laissait séduire par la beauté des lieux, plus elle oubliait de retourner sur ses pas pour rentrer à sa maison.

Le temps semblait s’être arrêté, elle marcha des heures et des heures sans sentir de fatigue, ni de chaleur, elle n’avait ni faim ni soif, les odeurs sublimes remplissaient ses poumons, les couleurs vives et parfois d’un temps pastel émerveillaient ses yeux, elle avait envie d’errer en ce paradis jusqu’à la fin des temps.

La beauté, le calme et la sérénité de cet Eden, lui ont fait oublier ses stress, ses chagrins et ses déceptions, elle avait oublié l’humiliation que son bien aimé lui avait fait subir gratuitement, sans tenir aucun égard au grand amour qu’elle lui portait.

Poisson, se sentait dans son monde, son coin intime, où elle pouvait courir, chanter, danser sans gêne et sans embarras, elle pouvait faire jaillir sa joie et faire exploser son allégresse comme un jet  de feu d’artifices aux couleurs éclatantes.

Une joie infinie, une exaltation sans pareil, le bonheur était là, à ses pieds, rien que pour elle. Curieusement, elle ne sentait pas de solitude, elle ne se voyait pas seule, elle se jeta par terre dans son engouement et contempla le ciel bleu qui paraissait si haut et si vaste. L’odeur de la lavande l’entourait de tous les côtés, un moment de sérénité l’enveloppa et l’emmena en un profond sommeil apaisant.

Quand poisson se réveilla, le soleil était toujours là, la plaine violacée était toujours imbibée d’odeurs et de senteurs  sublimes, le ciel encore plus haut et plus majestueux,  elle, s’est remise debout et regarda vers la direction de la porte qu’elle avait franchi, elle s’étonna de voir un arbre à l’endroit où la porte s’était ouverte. « Tient, je ne me rappel pas avoir vu cet arbre avant ! » s’étonna-t-elle.

Aussi curieux que cela paraissait, l’arbre n’y était pas à son arrivée, en plus, c’était l’unique arbre qui se dressait au centre du champ de lavande. Elle s’approcha dans l’espoir de trouver la porte qui mène à sa chambre, mais il n’y avait rien, tout autour de l’arbre, des lignes de lavande d’élançaient vers l’infini en prenant l’arbre comme centre de départ.  Elle fit le tour de l’arbre, mais toujours rien,

« Comment  vais-je faire pour rentrer chez moi ? » se demanda-t-elle en son for intérieur.

L’ombre de l’arbre empêchait les  rayons du soleil d’arriver à elle, les brises fraiches frayaient leur  chemin entre les branches qui se dé-ondulaient pour atteindre ses joues roses, une sensation de fraicheur et de bien être la submergeait. A ses pieds, une belle feuille d’arbre était en train de se décomposer, elle l’a prise entre ses mains délicatement pour ne pas activer sa décomposition. Une feuille  verte sur laquelle s’était écrit en rouge « POISSON »

« Poisson ? C’est mon prénom ! » S’étonna-t-elle

La jeune femme, resta un moment blême, la feuille d’arbre continuait de disparaitre entre ses doigts.

« Qu’est ce qui se passe ? Ou suis-je ? Où est la porte qui mène à ma chambre ? » Se demanda-t-elle en continuant à regarder autour d’elle dans l’espoir de trouver une réponse à ses questions.

Elle leva les yeux vers le haut de l’arbre et y voyait un être de forme inconnu qui muni d’un outil bizarre, commençait à tailler une autre feuille en faisant résonner le même bruit qu’elle entendait chez elle avant de passer par l’étrange porte.

« C’est donc vous qui faisiez ce bruit ? » lui demanda-t-elle

L’étrange être, ne prêta aucune attention à ce qu’elle disait, il paraissait ne pas l’entendre, il continua sa besogne comme s’il avait un programme de feuilles à faire tomber selon un ordre bien précis.  

Poisson, s’est vu attirée par le champ de lavande, et repartie errer entre les lignes parfumées comme une âme apaisée par la paix et la sérénité qui régnaient sur les lieux. Elle cessa de chercher la porte du retour, et continua son errance  en sachant au fond d’elle, qu’un jour une porte s’ouvrira vers la résurrection.  

En ce moment-là, et de l’autre côté de la porte, trois jours s’étaient déjà passés sans que les proches de poisson n’aient de nouvelle de cette dernière. Sa famille arriva en panique chez elle, et trouvèrent la jeune femme endormit dans son lit, un corps inerte avec une branche de lavande sur sa poitrine.

Dieu a dit dans Sourat LOQMAN : verset N°34

«  وَمَا تَدْرِي نَفْسٌ مَّاذَا تَكْسِبُ غَدًا ۖ وَمَا تَدْرِي نَفْسٌ بِأَيِّ أَرْضٍ تَمُوتُ ۚ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ (34) »

«   Et personne ne sait ce qu'il acquerra demain, et personne ne sait dans quelle terre il mourra. Certes, Allah est Omniscient et Parfaitement Connaisseur »

 Fin.